L'audace n'était pas inconnue à Ana.
C'était une chose pour laquelle sa mère l'avait de nombreuses fois félicitée, et qui lui avait parfois posé problème, mais dont elle n'arrivait pas à se séparer. Elle tentait toujours, au cas où, des fois que. Si elle échouait, elle restait néanmoins fière de ne pas avoir le regret lié à tous les "si j'avais", et si elle réussissait, ses efforts étaient récompensés. Gagnant-gagnant.
Elle s'avançait avec aplomb dans la longue allée qui menait au manoir. Elle avait été plus timide, la première fois qu'elle avait visité la propriété de Morgenstern; s'était arrêté au portail, avait prit une voix un poil mieilleuse, bien plus susceptible de lui obtenir les faveurs du maître des lieux, avait fait attention à mettre les formes et toutes les politesses du monde dans chacune de ses demandes. Il l'avait laissé entrer - allez savoir pourquoi, par pitié, amusement, ennui, cela lui importait peu - et répondu aux requêtes d'Ana avec gentillesse, effaçant immédiatement toute peur qu'elle aurait pu avoir de lui au premier abord.
Elle ne faisait d'ordinaire pas confiance à tout ce qui était masculin, déjà, et encore moins si ses poches étaient pleines et qu'il n'était pas prêt à les vider au profit de celles d'Ana, mais Lucian avait eu quelque chose d'amusant, de divertissant, presque, qui avait plu à Ana.
Il était difficile de déterminer exadctement quelle personnalité de quel panthéon elle prenait en point de référence quand il s'agissait de réfléchir à tout ça, mais la seule question qu'elle avait jugé bon de se poser était "Un dieu m'aurait-il traité comme ça, laissé entrer chez lui et étudier ce que bon me semble dans sa propriété?", et la seule réponse qu'elle avait bien voulu s'offrir avait été "Non.".
C'était, une fois couplé avec l'abondance de plantes fascinantes en sa possession et qu'elle rêvait d'étudier et ramener chez elle, apparemment suffisant pour Ana.
Elle avait frappé à la grande porte comme si elle avait été invitée et attendue, comme si elle ne venait pas à l'improviste et n'avait pas elle-même ouvert le portail, espérant que personne ne lui tombe dessus, avait prit un regard sérieux qu'elle ne sortait que pour les grandes occasions, et attendu qu'une réponse lui arrive.
(c) AMIANTE