time to give. (michael)

time to give

w/@michael shamira // If you've got the mind to leave then pick a topic to talk about god knows I've time to give you've got the backbone to stick around. (septembre, 2120)

Dans les couloirs de l'hôpital, c'est un défilé perpétuel de chirurgiens, de médecins, ou encore d'internes. Sous pression, chacun s'agite. Les journées, parfois les nuits. Ils enchaînent les heures, s'épuisant pour le bien commun, mettant du cœur à l'ouvrage à chaque patient sans exception. Pour Scarlett, c'est une évidence de veiller sur eux, qu'il soit dans l'enceinte de l'hôpital, ou en dehors. Investie, ayant le cœur sur la main, elle est bien incapable de les laisser retourner à leur vie sans prendre des nouvelles de temps en temps, sans s'intéresser à leur sort. Avec les années, elle aurait dû apprendre à moins s'attacher à ceux qui croisent son chemin, et pourtant... Elle ne peut pas s'en empêcher, retenant quasiment chaque visage malgré le ballet de patients chaque jour. Elle leur accorde de l'attention, sincèrement, et pas entre deux portes, faisant du mieux qu'elle peut pour que chacun sente qu'on se préoccupe d'eux. C'est limite si en ce moment, Scarlett n'a pas davantage l'impression de mieux s'occuper de ses patients que de ses propres enfants. Elle croyait pouvoir tout gérer, jongler entre les différents pans de sa vie, sauf qu'elle a bien de la peine à tout faire correctement. Plus imparfaite qu'on ne pourrait le croire, la rousse a aussi ses failles.

Son prochain patient n'est autre qu'un petit enfant, venu de l'orphelinat de New Haven. Un petit garçon au tempérament de cascadeur, de ce qu'on lui a dit. Orphelin, c'est un homme qui lui tenait la main en passant les portes coulissantes du service des urgences. Occupée avec un autre patient, Scarlett n'avait pas encore pu s'occuper d'eux, et n'avait pas vraiment prêté attention à l'homme ou au petit garçon. Quand leur tour vient, il est temps pour eux de la suivre dans une salle où elle pourra ausculter l'enfant. Elle les salue avec chaleur, la rousse, avant de les guider avec bienveillance. Avec délicatesse, elle fait tout le nécessaire pour donner un diagnostic complet à l'homme qui est en charge de l'enfant. Elle ne peut pas s'empêcher de culpabiliser, la rouquine, face à un enfant qui n'a plus de parents... Un enfant qui n'a pas choisi, tout comme les siens n'ont pas choisi que James ne fasse plus partie de leur vie. Pas tant qu'il n'a pas regagné son entière confiance, en tout cas. Ses pensées allant toujours vers lui, elle se maudit, Scarlett, d'être tout bonnement incapable de l'oublier comme n'importe qui le ferait.

L'enfant ayant finalement besoin d'une légère opération, Scarlett demande l'accord de son accompagnant pour la faire réaliser par ses collègues, ce qu'il accepte. Celle-ci ne durera pas très longtemps, mais pourrait rendre un véritable service au petit garçon qui se rétablira un peu plus vite grâce à celle-ci. Ayant terminé sa journée, la rousse n'a pourtant pas encore quitté sa blouse blanche, et aperçoit se dirige vers l'homme qui patiente sagement dans la salle d'attente. « Ne vous en faites pas, il sera très bientôt de nouveau sur pied, et il pourra courir comme il le faisait avant... Un peu trop apparemment. », lui dit-elle avec le sourire, se voulant rassurante. Elle regarde l'homme, qui étrangement, lui est familier. Elle ne parvient pas à mettre un mot sur ce qu'il lui inspire, et n'en dit rien, pour l'instant. « Je vais patienter avec vous, si ça ne vous dérange pas, juste pour être certaine que l'opération s'est bien passée, et lui prescrire un traitement en conséquence. », explique-t-elle, toujours avec bienveillance.

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time to give

w/@Scarlett Thorne // If you've got the mind to leave then pick a topic to talk about god knows I've time to give you've got the backbone to stick around. (septembre, 2120)

Une vague de nostalgie le submergeait face au spectacle hypnotisant de cette fourmilière en plein travail. C'était un balai de bonnes âmes en tuniques colorées. Tous occupés. Tous débordés. Tous dévoués à la même cause louable, celle de servir et prendre soin de la vie des autres. Alors que certain pourrait y voir un véritable théâtre de la souffrance, Michael y voyait le meilleur de la nature humaine en action. Compassion, bienveillance, partage, empathie, solidarité. Partout, un geste désintéressé en amenait un autre. Bien sûr, il y avait l'attente souvent interminable. Il y avait le manque de moyen, une précarité constante dans le matériel et les effectifs. Il y avait la mort qui rodait inlassablement dans les couloirs, dissimulée sous son voile invisible. L'archange l'avait combattu à maintes reprises par le passé, il l'avait même chassé de la surface de la terre, ce que le cavalier et ses trois compères apocalyptiques n'avaient guère apprécié. La mort était l'entité la plus incontrôlable du quatuor. Les autres pouvaient être muselés et leurs pouvoirs bridés. Lorsque Michael s'était allié à Lucifer pour créer les Sceaux de l'Apocalypse, l'un et l'autre avaient naïvement cru que leur captivité mettrait fin à tous les fléaux de l'Humanité : la guerre, la maladie, la famine et même la mort. Mais la chute du Paradis avait scellé le sort des hommes pour l'éternité et même enfermés au sein d'une prison divine, l'aura des cavaliers n'avait cessé d'impacter la surface de la terre. Il y avait eu des guerres par centaines, des épidémies foudroyantes, des continents entiers rongés par le famine et la mort, elle, avait fauché des milliards d'âmes au fil des siècles.

Michael surveillait du coin de l'oeil la sombre silhouette au visage émacié qui guettait le va et vient du service des Urgences. L'archange patientait depuis maintenant plus de quatre heures sur l'assise en métal d'un siège éminemment inconfortable, au sein de la large salle d'attente. Les bras et les jambes croisés, il feignait de se laisser emporter par le sommeil, l'arrière de la tête reposant contre le mur. En réalité, il gardait une paupière ouverte, ne perdant pas une miette de ce qui se passait autour de lui. Les lieux lui étaient familiers. Sur terre, Michael avait veillé sur les hommes sous différentes formes et sous diverses identités. Ayant la capacité divine de vieillir ou rajeunir son apparence à convenance, il y avait vécu plusieurs vies. Dans l'une d'elle, la précédente justement, il avait travaillé comme médecin urgentiste au sein de ce même hôpital. Trente années humaines passées à sauver des vies, à s'occuper de milles et unes pathologiques, à ne pas compter les heures, ni la fatigue. Il savait tout du labeur enduré par le personnel soignant. Malgré les décennies passées, il se souvenait de chaque recoin de l'aile ouest. Il savait où se trouvait la salle de pause, la pharmacie, la réserve de matériel, le couloir menant à la radiologie, celui aux soins intensifs. Il connaissait le petit passage dans les escaliers de service pour accéder à une terrasse privée, où l'on pouvait prendre tranquillement un café ou fumer une cigarette entre deux gardes. Il se souvenait de la fuite dans les toilettes du premier étage qui inondait régulièrement l'arrière du bureau des admissions. Une fuite qui n'avait visiblement pas été réparée, à en juger par le seau bleu qu'il apercevait près de la chaise roulante du réceptionniste. Après quinze ans d'absence, la seule chose qui avait véritablement changé au sein du service d'urgences, c'était le modèle du distributeur de confiseries.

Surgissant des coulisses derrière les portes battantes, une jeune femme à la chevelure rousse le sortit de ses pensées vagabondes. Phare illuminant l'obscurité, elle brillait d'un aura singulier. Michael la reconnut immédiatement. Elle n'avait plus la démarche timide de ses débuts, ni l'air candide de la jeunesse. C'était à présent une femme à l'allure droite et fière. Scarlett, un prénom aussi flamboyant que sa crinière. « Alléluia » souffla l'archange, promptement rassuré par les mots de son interlocutrice. Cherchant à dissimuler sa surprise (ou sa familiarité), il reporta son attention sur le gobelet qu'il tenait dans sa main droite. Il y restait un fond de thé vert tiède. Le seul breuvage sain et potable de la machine automatique. Cette femme, il avait été son supérieur pendant l'intégralité de son internat. A l'époque, des rides creusaient ses traits angéliques, des tâches brunes recouvraient la peau de ses mains plissées et sa chevelure frisée avait la couleur de l'argent. Lorsqu'il l'avait connu, il avait le physique d'un doyen. « Vous êtes bien aimable. Je ne voudrais pas vous soustraire à vos obligations ou vous empêcher de rentrer chez vous » lui dit-il, en échangeant un regard. Ce n'était pas dans ses attributions de tenir la main des patients ou de leur accompagnant. En théorie. La compassion était une chose qu'il s'était évertué à lui enseigner. Un mot, un geste pour rassurer. « Vous en avez déjà fait beaucoup. Désirez-vous une boisson chaude ? Allongé avec du lait et un sucre » énonça machinalement l'archange, qui se rappelait des préférences de la rouquine. La main déjà plongée au fond de sa poche de pantalon, il s'était levé pour se diriger vers la machine située non loin de là. Il n'était pas censé savoir. Il n'était pas censé s'en souvenir. Pourtant, ses paroles lui avaient échappé.

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