(elias) oblivion

23 janvier 2083, naissance ◦ Tu as vu le jour alors que le monde se tiraillait de toute part. Une naissance, c'est comme un moment d'espoir, une lueur positive, un regard neuf vers l'avenir, c'est tout le contraste d'une civilisation qui tombe en ruines. Et pourtant tu es bien arrivé dans ce monde, tel une pétale de rose parmi les cendres, si on peut dire ainsi. Quelque part sur les côtes du Costa Rica, tes parents devaient se battre pour survivre et avaient maintenant une bouche de plus à nourrir. Tu n'as pas beaucoup de souvenirs de cette époque, tout est un peu flou quand tu essaies d'y penser. Mais tu sais que la vie n'était pas facile. Pas pour personne, et très peu pour les Lazcano. Une pauvre famille qui tente par tous les moyens de rester en vie dans une partie du monde qui peine à exister encore, un coin délaissé, ravagé par la guerre. 17 mai 2087, immigration à new haven ◦ Tu n'étais encore qu'un gamin lorsque ta famille a fait le grand saut et est venu chercher refuge à New Haven. Ce fut un périple difficile, mais vous êtes enfin parvenus aux frontières de la ville et avez pu vous y installer dans un quartier modeste, mais tout de même agréable. C'est donc là que tu as grandi. C'est ici qu'on t'a creusé la tête d'idées, qu'on t'a appris d’où venait la guerre, la famine, la violence, c'est ici que tu as compris que les dieux y étaient pour quelque chose. Pour beaucoup, même. Et il t'arrivait souvent de penser à eux quand tu croisais le regard triste de ta mère, ou quand les bras fatigués de ton père n'arrivaient plus à te supporter. Tu n'as jamais vu l'un de ces dieux en grandissant. On t'a expliqué qu'ils n'habitaient pas New Haven, qu'ils complotaient ailleurs. Tu as commencé à les maudire, ces dieux. 6 mars 2094, premier vol ◦ La vie n'était pas toujours rose, mais elle était beaucoup plus facile à supporter maintenant que vous étiez installé à New Haven. Vous viviez correctement, sans luxe, mais sans crainte. Finie l'époque où tes parents se demandaient s'ils auraient quelque chose à manger dans les prochains jours, ou   si quelqu'un allait cogner à la porte, arme à la main, prêt à vous massacrer un par un. Mais cette période t'a tout de même forgé et on ne peut pas dire que tu as été un enfant facile. Doté d'un sale caractère, tu ne te laisses pas marcher sur les pieds. On a bien ri de toi sur les bancs d'école, toi l'hispanique au teint trop mat, aux cheveux trop frisés. Mais tu ne les as pas laissé rire trop longtemps. Tu as appris à te défendre, mais aussi à te donner des allures de dur.  Et quand on a voulu te tester, tu n'as pas bronché. C'est pour ça qu'en cet après-midi de mars, tu as flanché sous la pression de tes pairs et tu t'es rendu au petit marché du coin avec l'intention de dérober quelque chose. Ça pouvait être n'importe quoi, tant que ça prouvait que tu avais ce qu'il fallait pour prendre quelque chose qui n'était pas à toi et pour prouver du même coup que tu savais déroger aux règles. Tu t'es faufilé entre les étales des marchands, faisant bien attention qu'on ne t’aperçoive pas. Puis, discrètement, tu as tendu ta petite main pour attraper le premier fruit à ta portée. C'était une poire bien mûre, rien qui ne sorte de l'ordinaire. Mais en faisant cette chose bien anodine, qui pouvait sembler n'être qu'une petite erreur de jeunesse pour certains, tu as appris une chose ce jour-là : tu es doué pour le vol. 28 novembre 2099, mort du paternel ◦ Les années passent, les choses évoluent. Le gamin quelque peu insolent que tu étais est devenu un adolescent  bagarreur, toujours pris dans un méfait ici et là. Tes parents ont fait de leur mieux pour te montrer la bonne voie, mais ils n'avaient plus la force de te surveiller. Ton père surtout, dont la maladie lui rongeait peu à peu l'intérieur. Les années ne l'ont pas ménagé et tu as dû voir son état se détériorer à vue d'oeil, jusqu'au moment fatidique. Son dernier souffle fut expiré dans une quiétude rassurante, presque comme s'il te disait pour une dernière fois que les choses allaient rentrer dans l'ordre. C'est ce qu'il te disait souvent quand vous aviez des difficultés à surpasser. Mais désormais, tu serais seul à les affronter. 4 avril 2108, trahison et condamnation ◦ Bien ancré dans ta vie d'adulte, tu as eu par de nombreuses occasions l'opportunité d'embellir ta réputation de criminel endurci. Le système de justice te connait bien, toi qui a commencé par de simples vols à l'étage, puis qui a passé à des crimes plus sérieux. Mais tu as toujours eu le don de leur échapper et t'en sortir indemne. Puis, on t'a parlé de ce coup qui se préparait, un gros coup. Une occasion en or de se faire les poches, mais qui demandait une certaine organisation. C'était un travail de coopération, où chacun avait son rôle et devait l'assurer au temps imparti. Toi, tu devais infiltrer un bâtiment hautement surveillé. Rien que tu n'avais pas déjà fait, tu t'exécutais donc avec une certaine assurance. Mais les choses se sont vite envenimés et ont pris une tournure hors de votre contrôle. Et dans ces situations-là, tu ne sais que trop bien que les codes d'honneur en prennent un coup et qu'on tombe vite en chacun pour soi. Les escrocs ont rarement un code d'honneur de toute façon, et il n'est pas rare qu'ils font tomber les autres pour sauver leur peau. C'est ce qu'un de tes partenaires a fait et tu t'es rapidement fait escorté par plusieurs gardes, menottes aux poignets. Dix ans emprisonné, c'est la sentence à laquelle tu as eu droit. Sur ces dix ans, tu en as fait sept. Sept années pris dans une cage, c'est tout de même assez long pour ruminer cet acte de trahison. 8 décembre 2119, entrée dans la guilde de midas ◦ Ton vol le plus célèbre a porté ses fruits, et un peu partout on entendait parler de celui qui avait réussi à dérober le collier demi-lune. Si bien qu'un beau jour, c'est un homme élancé, les traits tirés, qui est venu te porter une proposition. La guilde de Midas te voulait dans ses rangs. Cette organisation crainte par le commun des mortels et respectée par les gens comme toi t'offrait donc une chance de te faire valoir à ton plein potentiel... C'était une occasion rêvée. Mais cela signifiait aussi que tu devais changer de vie, t'acquérir d'une nouvelle identité et partir habiter Sanctum, le nid des êtres que tu détestais tant. Après avoir retourné les bons côtés comme les mauvais dans ta tête, tu as quitté le calme de New Haven pour rejoindre les rangs des Midas. 16 janvier 2120, première mission ◦ La Grande Bibliothèque de Sanctum est connue pour recueillir de nombreux ouvrages de savoir et des trésors qu'on ne peut qu'imaginer. C'est donc une caverne aux merveilles pour les Midas, caverne qui mérite une certaine exploration. C'est donc ça ta première mission pour le compte des tes nouveaux alliés : récupérer des informations pertinentes qui permettrait d'obtenir les  richesses de la bibliothèque. Pas très compliqué, te dis-tu. Suffit de faire aller tes charmes aux bons endroits, tendre l'oreille là où il faut et rester discret sur tes intentions premières. Sauras-tu bien jouer tes cartes ?