let me stay ▪ (w/ marric)

Sanctum avait toujours eu une aura étrange pour Ana.
Elle s'y sentait étrangement mal à l'aise, comme s'il était évident pour toutes les forces de l'univers qu'elle n'avait rien à y faire, qu'elle n'y était pas la bienvenue.
Et c'était le cas, probablement.
Comme si le voyage n'était pas suffisamment périlleux entre New Haven et Sanctum, elle ne se détendait pas dans la cité des dieux. Ana restait sur ses gardes, constamment, prête à bondir à tout moment, à se battre comme à fuir à toutes jambes - surtout à fuir, elle n'était pas suicidaire.
Et la voilà dans les rues de la ville, le regard s'attardant sur les plantes qu'elle reconnaissait ou non, aux balcons et le long des murs. Elle aurait adoré cette île, pour sûr, si elle y avait eu une place définie, que ce soit déesse ou humaine.

Une longue marche la mena au quartier Elysium, et sa gorge se serra devant les immenses et magnifiques demeures qui s'étendaient face à elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait à Sanctum, mais elle avait toujours évité de s'approcher des quartiers résidentiels des dieux ainsi. Elle réajusta la bride de son sac sur son dos, prit une grande inspiration pour se donner du courage et s'enfonça dans le quartier.
C'était le roi des Olympiens qu'elle venait voir aujourd'hui; Zeus, son père. Quand bien même c'était à contre-coeur, il lui avait semblé plus sûr de ravaler sa fierté et lui demander de l'héberger que de rester par elle-même dans la cité. Elle essayait de se rassurer en se disant que si sa mère était encore du monde des vivants, elle l'aurait elle-même envoyé chez son père, malgré toutes les protestations qu'Ana aurait pu vociférer. C'était ce qu'elle détestait le plus à propos de lui, probablement, mais elle savait qu'il la surveillerait d'une manière ou d'une autre et que s'il devait lui arriver quelque chose, il serait là pour l'aider.

Ana passa enfin l'entrée de la demeure de Zeus, l'émerveillement face à la bâtisse probablement bien lisible sur son visage. Elle qui avait toujours vécu dans de petites bâtisses se sentait bien petite, face à sa résidence provisoire.
C'est peut-être son air étranger face à toutes ces richesses qui alerta les autorités. Un clignement d'oeil et deux hommes étaient postés face à elle, l'air très peu amical. Ana recula par réflexe, encore et encore en les voyant s'avancer à chaque pas qu'elle faisait en arrière, jusqu'à ce qu'elle dépasse encore la limite du domaine de Zeus. Foncer dans le tas et prier pour atteindre la porte d'entrée avant qu'on ne la rattrape semblait irréalisable, et il était hors de question d'essayer de se battre quand elle connaissait la réputation des Cerbères et qu'elle ne voulait pas se faire remarquer plus que nécessaire. Ses poings restaient tout de même fermés et sa mâchoire crispée par le stress qu'ils faisaient naître en elle.
L'un des deux hommes en uniforme la traita de voleuse, et Ana était sûre que si elle avait eu le cran de ses jeunes années, elle lui aurait fait manger la semelle de ses chaussures, quitte à le regretter.

Je ne suis pas une voleuse; je suis invitée ici, vous ne pouvez pas m'empêcher de passer. Quand bien même sa voix avait l'air stable et lui donnait un air confiant, Ana était un mélange d'énervement et de peur. Elle n'avait clairement pas outrepassé sa fierté et demandé à son père de l'accueillir pour qu'on la mette dehors avant même qu'elle n'arrive. Elle tenta de faire un pas vers eux, espérant qu'ils soient comme de vrais chiens et que ne pas leur faire sentir sa peur aide à éveiller la leur, mais l'un d'eux l'imita et elle n'était plus sûre, à moins d'un mètre de lui, d'avoir fait le bon choix.