casting all your anxieties on him • (daisy)

L'archange regardait d'un air absent les étalages de produits frais se succéder sous ses yeux le long du trottoir. Il avait quitté les locaux de l'orphelinat quelques minutes plus tôt, poussé vers la sortie par plusieurs de ses employés et bénévoles. Cela faisait presque une semaine qu'il n'avait pas quitté l'établissement, prenant à cœur de rester au plus près des enfants dont il avait l'entière responsabilité, sans se soucier de son propre confort, ni de son propre intérêt, cela va de soi. Il y avait toujours à faire à l'orphelinat, toujours des problèmes à régler, des personnes à accueillir, des papiers à remplir, des tuyaux percés à fixer, des enfants à éduquer, à consoler ou à sermonner quand il le fallait. Michael n'avait que très peu fermé l’œil lors de cette semaine. Il s'était jeté à corps perdu dans le travail, donnant de sa personne plus que de raison, afin de volontairement s'occuper l'esprit. Cela faisait maintenant quelques temps que Gabriel avait disparu et depuis que Lucifer était venu déposer son corps sans vie dans sa maison, il n'était plus le même. Quelque chose s'était brisé en lui. Il avait changé. Moralement et physiquement. Une mèche blanche était apparue brusquement dans sa chevelure frisée. Comme un chrysanthème perdu au milieu d'un bois dense. Cette soudaine dépigmentation lui avait valu nombres de remarques plus ou moins plaisantes, auxquelles il n'avait guère prêté attention. Des enfants s'étaient inquiétés, d'autres l'avaient cru victime d'une farce. Tout cela l'avait fait sourire. Michael portait la risette comme un habit de jour. Éternellement large et brillant sur son visage. Les gens les plus tristes ont souvent le sourire le plus éclatant, dit-on.

Sa démarche était nonchalante, car l'envie de regagner son appartement n'y était pas. Des tâches du sang de Gabriel empreignaient encore la moquette de son salon. L’hémoglobine était tenace, elle changeait de couleur mais ne disparaissait jamais vraiment. Elle laissait un souvenir indélébile, aussi immuable que les images à jamais gravées dans son esprit. L'archange finit par s'arrêter devant la vitrine d'une petite épicerie, dans laquelle il avait l'habitude d'acheter des fruits et des denrées de toute sorte. Le propriétaire – d'origine turque – était un vieux monsieur à la chevelure grisonnante et aux yeux clairs. Par habitude, Michael le salua en entrant dans la boutique. L'inspiration n'était pas là, même en parcourant les rayonnages aux senteurs diverses. Pendant qu'il réfléchissait à ce qu'il allait bien pouvoir acheter pour remplir son ventre, il entendit la clochette du magasin retentir à nouveau derrière lui, à l'entrée d'un autre client. Instantanément, l'archange ressentit comme une vague de chaleur envahir sa poitrine. Un doux sentiment de plénitude lui réchauffa le cœur. Son âme vibrait. Le sourire lui revenait. Il se sentait formidablement bien, presque en paix avec le monde. Michael n'avait pas ressenti cela depuis...depuis sa dernière entrevue avec Gabriel, lorsqu'il était encore en vie. Bouleversé par cette vague de sensations, l'archange reposa ce qu'il tenait entre ses mains et fit lentement volte-face vers la source de son humeur bénite. Mais celle-ci s'était déjà envolée à travers les rues de New Haven en franchissant la porte dans un courant d'air. Michael la suivit sans attendre, agitant sa tête de gauche à droite pour voir dans quelle direction elle était partie. C'est alors qu'il la vit. Une aura dorée scintillant dans la nuit noire. Elle entourait la silhouette d'une jeune femme aux traits encore mutin. Le halo n'était pas aussi intense que celui d'un ange, mais il en avait la même nature. C'était une prophète, cela ne faisait aucun doute. Une humaine bénite par un ange. Elle disparut à un carrefour après le passage d'un bus. Michael poussa sur ses jambes de géant pour traverser la rue. Il ne lui fallu pas longtemps pour la rattraper. « Bonsoir » dit-il dans un souffle, en venant l'aborder. « Vous avez fait tomber cela dans l'épicerie » sourit l'archange, en tendant à la jeune femme un porte-monnaie aux couleurs de l'arc-en-ciel.

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CASTING ALL YOUR ANXIETIES ON HIM

w/@Michael Shamira // because he cares for you (1 Peter 5:7) (mois, année)

« Je suis la prophète de Gabriel et... Non, trop direct… » Daisy observe son reflet dans le miroir et secoue la tête. Elle se trouve devant celui-ci depuis plus de trente minutes, cherchant la meilleure accroche possible pour ce qu’elle s’apprête à faire, sans grand résultat. Elle finit par soupirer, s’emparer de son sac et quitter son petit appartement. Elle arrive rapidement devant l’orphelinat. Encore une fois, elle hésite, fait quelques pas vers l’entrée avant de faire demi-tour pour s’en éloigner, gardant une distance certaine avec le bâtiment. Elle ignore combien de temps elle perde à rester ainsi indécise et effrayée par une décision prise depuis des semaines. C’est trop tard pour pénétrer l’enceinte du bâtiment quand elle le voit sortir. Avant même de savoir ce qu’elle fait, elle se met à le suivre, le cœur battant à tout rompre. Ce n’était pas ce que la prophète avait prévu et, décidément, rien n’allait comme elle le souhaitait. Elle était pourtant la seule fautive. Michael ignorait à coup sûr son existence alors si elle souhaitait le rencontrer, c’était à elle de faire le premier pas. Pourtant, elle n’y arrivait pas. Elle était déjà venu plusieurs fois devant l’orphelinat, en cherchant en vain le courage de l’aborder, de tout lui expliquer. Elle s’était dégonflée, crainte véhémente qu’il la rejette, qu’il se moque d’elle et du trou béant qui creusait sa poitrine depuis la mort de Gabriel. Elle était perdue, Daisy, loin de celui qui l’avait toujours guidé, éloignée de son aura bénie. Peut-être même que ça ne suffirait pas, que de rencontrer Michael. Peut-être qu’elle était vouée à se sentir si perdue toute sa vie désormais. Que Gabriel avait été une période bénie unique de sa vie, que jamais plus on ne pourra l’aider comme lui l’a fait. Se débrouiller seule, véritablement, est pourtant une perspective bien trop effrayante pour Daisy qui préfère encore tenter sa chance auprès de l’archange.

Encore faut-il qu’elle parvienne à se lancer. Elle voit une opportunité s’ouvrir à elle quand il s’engouffre dans une petite supérette – à son tour, elle y entre, fait mine d’observer les différents articles sous ses yeux. A nouveau, elle sent une boule d’angoisse peser au fond de son estomac. Elle fait quelques pas, heurte l’épaule d’un client qui ne manque pas de la faire sursauter en pestant contre elle. Alors, à nouveau, la prophète renonce. Elle qui se targue bien souvent de posséder une détermination à toute épreuve se trouve pourtant être la victime d’un stress ridicule qu’elle ne saurait surmonter tant qu’elle n’aura pas eu le cran de parler à Michael. Une autre fois. Encore. Elle se retourne brusquement, ne remarque pas son sac entrouvert et quitte le magasin. L’air frais lui permet de retrouver des idées claires. La gamine se sidère elle-même par le ridicule de son comportement. Jamais elle n’avancera, jamais elle ne passera outre le deuil qu’elle traverse si elle n’ose pas franchir ce dernier pas. Il lui faut quelques minutes à peine, pourtant, pour que tout ne bascule à nouveau. Elle se fige quand elle entend sa voix avant de se retourner, semblable à une biche que l’on aurait coincée devant ses phrases. Elle cligne des yeux, son regard allant de son porte-monnaie bariolé à Michael avant de revenir vers l’objet qu’elle saisit. « Oh, hm, merci Michael. » Elle écarquille les yeux – c’est forcément loupé si elle veut passer inaperçue, maintenant. Il n’y a plus de marche arrière possible. Alors elle prend une profonde inspiration, prête à franchir ce pas qu’elle fuyait depuis un moment déjà. « Je connaissais votre frère. » L’emploi du passé lui inflige un pincement au cœur désagréable. Daisy déglutit mais enchaîne, nervosité qui l’emporte sur tout le reste. « Enfin… Je sais pas vraiment si je peux dire que c’était votre frère, je veux dire, c’est pas comme si vous aviez vraiment une mère et un père  ! » Mots volontairement plus bas pour éviter d’attirer l’attention alors qu’elle range son porte-monnaie dans le sac qu’elle referme de suite. « Peut-être que si en fait, j’en sais rien, moi. Peut-être que c’est lui votre père et que quelque part…. » Elle se coupe, réalise elle-même que ses vieux torts refont surface. Gênée, elle offre un léger sourire, tente d’avoir l’air un peu plus elle-même. « Désolée. Je parle beaucoup quand je suis nerveuse et là, je le suis carrément. » Elle souffle, baisse les yeux, ne saurait supporter le chagrin qu’elle lira assurément dans les pupilles de l’archange. « Il m’a dit de venir si… S’il devait arriver quelque chose. » Et c’était arrivé – le pire, l’inimaginable, ce qu’elle avait cru impossible tant sa naïveté et sa foi en lui l’avaient rendu invincible aux yeux de la prophète. Avoir tort n’avait jamais été aussi douloureux.  

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Aux yeux de Michael, ce halo scintillant dans la nuit était comme une promesse d'espoir après des jours sombres. L'archange n'avait pas admiré un tel aura depuis une bonne cinquantaine d'années. C'était le temps exact écoulé depuis sa dernière rencontre avec Gabriel, à l'époque où il demeurait toujours en vie. Cette mystérieuse jeune femme rayonnait non avec la même intensité, mais avec la même pureté, que le messager de Dieu. En s'approchant d'elle, Michael ressentit une exaltation singulière, le sentiment d'une quiétude retrouvée. Elle avait été bénite par un être céleste, il en avait la certitude. « Je ne crois pas avoir l'honneur de vous connaître, mademoiselle » rétorqua-t-il avec politesse, alors que celle-ci venait de le remercier en l'appelant par son prénom. L'archange n'eût guère le temps de demander d'autres précisions, que la demoiselle remit à parler comme un véritable moulin. Elle disait connaître son frère ou plutôt l'avoir connu. Cette affirmation fût celle qui l'intrigua le plus dans son discours fouillis. Michael avait de nombreux frères. Les plus proches, les archanges, puis les anges qui se comptait par centaine. Au total, les cieux dénombraient neuf chœurs peuplés d'êtres angéliques que le Père avait créés pour l'assister. « De qui parlez-vous ? » parvînt à demander subrepticement Michael, assurément amusé par la loquacité de son vis-à-vis. Il allait falloir qu'elle soit un peu plus précise, si elle voulait captiver son attention. Par ailleurs, dans le monde des humains, l'archange n'était pas censé avoir de famille proche. C'était plus facile pour lui de se faire passer pour un orphelin que de prendre le risque d'exposer sa véritable nature en inventant des faits obscures qu'il finirait par confondre au fil de ses identités. Il attendait donc d'en savoir plus sur les véritables intentions de la jeune femme avant de clamer haut et fort être l'un des fils de Dieu. L'aura qui l'entourait était un bon présage, mais Michael préférait être prudent.

Finalement, ses derniers mots mirent fin à ses doutes. S'il devait lui arriver quelque chose... Il ne pouvait s'agir que d'un seul être. « Gabriel... » souffla l'archange, le cœur gros. En un instant, l'émotion lui prit la gorge. Les images du corps mutilé du messager de Dieu lui revinrent en mémoire. Son visage si parfait recouvert de sang... Parfois, Michael oubliait à quel point les hommes pouvaient faire preuve de sadisme et de cruauté. Après tout, c'était eux qui avaient porté sur la croix le premier des prophètes. Gabriel avait décidé d'endurer ces mêmes supplices pour protéger tous les autres, dont cette jeune femme. L'archange dévisagea alors cette dernière, comme s'il essayait de la percer à jour de son regard. Au-delà du halo l'entourant, elle dégageait une bonté naturelle. Un petit air angélique était ancré sur ses pommettes candides. « Vous êtes sa prophète, c'est bien cela ? » demanda Michael avec une vive émotion. Ce qu'il ressentait dans sa poitrine en présence de la jeune femme, c'était l'âme de Gabriel. La trace de son être. Sa bénédiction divine. En faisant d'elle sa prophète, il lui avait transmis une partie de lui-même, ainsi que des pouvoirs qu'aucun humain normal ne pourrait jamais posséder. Lentement, l'archange s'approcha de la jeune inconnue, le regard qu'il posait à présent sur elle était rempli de la tendresse qu'il ne cessait d'éprouver pour Gabriel, même après sa mort. Il le voyait briller à travers elle et son aura. C'était un nouveau cadeau de Dieu. Une promesse d'espoir après des jours sombres. « Dieu soit loué » ne pût s'empêcher de remercier l'archange, en venant poser ses mains sur les épaules de la jeune femme en signe d'affection. Il lui sourit de tout son cœur, se retenant de la prendre dans ses bras. « Je suppose que nous avons beaucoup de choses à nous dire » réfléchit Michael, sans se rendre compte qu'il venait de la tutoyer. Il avait tellement de questions pour elle et il aurait certainement les réponses à beaucoup de ses interrogations. Jamais Gabriel ne lui avait parlé d'une prophète. C'était une immense surprise. A la fois une bénédiction et infortune, car sans un ange gardien, elle était en danger. « Comment t'appelles-tu ? Puis-je te proposer de partager un repas ? » demanda-t-il, en tout sympathie.

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w/@Michael Shamira // because he cares for you (1 Peter 5:7) (mois, année)

Elle n’a plus le choix, Daisy. Par sa maladresse, le prénom de l’ange a quitté ses lèvres et désormais, elle se doit de révéler sa nature et sa relation avec Gabriel à Michael. C’était ce qu’elle avait essayé de faire depuis des semaines, finissant toujours par renoncer. Elle n’avait pas peur de l’ange en lui-même, mais plutôt de réveiller des souvenirs douloureux chez lui – chez elle aussi, peur de décevoir peut-être, en ne se montrant pas à la hauteur de Gabriel auprès de celui qu’il tenait en si haute estime. Finalement, elle n’a pas besoin de préciser celui qui est au centre de ses pensées. Michael le devine bien rapidement, son nom qui meurt sur ses lèvres dans un souffle. Pendant quelques secondes, le temps semble se suspendre. Daisy l’observe, guette la moindre émotion traversant son visage. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle craint, au fond. C’est bien Gabriel qui lui a conseillé de trouver refuge auprès de Michael, si le pire devait arriver. Il devait avoir ses raisons, avoir une confiance aveugle en lui. Et s’il lui faisait confiance, la jeune femme était prête à le suivre les yeux fermés. L’archange le lui aurait sans doute d’ailleurs reproché – il l’avait toujours mise en garde, avait essayé de lui faire comprendre qu’elle ne devrait pas accorder sa confiance si facilement. Mais Daisy était bien incapable de changer et restait persuadée qu’en dépit d’une poignée d’individus mauvais, l’humain restait fondamentalement bon. Alors elle acquiesce, confirme sa nature de prophète acquise grâce à celui qui changea sa vie à jamais. Elle ne détecte alors aucune méfiance de la part de Michael. Son visage transmet plutôt une vive émotion ainsi qu’une certaine forme d’affection qu’elle remarque au fond de ses pupilles – elle ne comprend que trop bien l’envie qu’il semble éprouver de s’accrocher à ce qu’il reste de Gabriel, comme c’est également son cas à elle.

C’est un léger sourire qui étire ses lèvres quand les mains de l’archange se posent sur ses épaules. Sa joie est contagieuse même si, chez Daisy, cela se mue plutôt en un soulagement. Elle n’aurait pas aimé être la cause de son désarroi, aurait encore moins aimé qu’il la rejette, elle qui s’était accrochée à l’idée de faire connaissance avec celui qui avait tant connu Gabriel. « Je suppose, oui. Ça doit être une surprise pour vous ! » Elle savait qu’il n’avait parlé d’elle à personne – il n’avait de toute façon jamais été très loquace, ce qu’elle avait compensé par des bavardages futiles qui finissaient par le faire sourire ou lui faire lever les yeux au ciel. Elle savait aussi, la prophète, que la notion de temps était différente pour les divinités. Il pouvait bien s’écouler une vie humaine sans que deux dieux ne se fréquentent sans que le manque ne se fasse sentir, tant cela était ridicule face à une vie éternelle. Elle l’avait appris auprès de l’archange, ce qui n’avait fait que rendre, pour elle, chaque instant un peu plus précieux. Rapidement, Michael se montre accueillant, sympathique, allant même jusqu’à l’inviter à manger. « Ce serait avec plaisir, si vous n’êtes pas trop occupé ! Je connais un vendeur ambulant pas très loin ! » Et, elle ajoute, elle qui a failli oublier. « Et c’est Daisy. » S’il la tutoie et que ça ne la dérange pas, elle reste accrochée à cette formalité, toujours impressionnée malgré tout par le statut d’archange qu’il possède. La jeune femme se met en route, accompagnée de Michael. L’anxiété qu’elle éprouvait se dissipe peu à peu, l’aidant à être un peu plus naturelle. « Vous savez, il ne parlait pas beaucoup, mais quand il me parlait de vous, c’était toujours dans des termes élogieux. » Ce n’était pas pour rien qu’elle s’était laissé convaincre si facilement d’aller le trouver. Les mots de l’archange étaient peu nombreux alors ils étaient précieux aux yeux de la prophète. « Il m’a dit que je pouvais vous faire confiance, alors c’est pour ça que je suis là maintenant que… » Maintenant qu’il est mort, ce qu’elle ne peut se résoudre à dire à voix haute. Elle risque un coup d’œil vers l’archange avant de regarder à nouveau droit devant elle. Elle fait attention, Daisy, ne parle pas trop fort pour ne pas attirer l’attention. Malgré son côté insouciant, elle ne sait que trop bien à quel point sa nature la met en danger – et elle ne voudrait surtout pas mettre Michael en danger par sa maladresse. « Je ne sais pas vraiment ce qui est arrivé… Il n’est jamais revenu et je l’ai senti, vous savez, c’était comme si… C’était comme si tout devenait noir, d’un coup. Comme si on avait creusé un trou béant dans ma poitrine alors je sais qu’il n’est plus là, qu’il n’est pas simplement parti. » Et Daisy parle, parle, se livre encore parce qu’elle n’a jamais pu le faire, qu’elle n’a jamais pu discuter de cette perte qu’elle éprouve. Qui aurait pu comprendre, dans son entourage ? Qui aurait pu se douter qu’elle était prophète et qu’il l’avait aidé d’une manière que les humains ne pouvaient pas forcément saisir ? A nouveau, elle triture nerveusement la bretelle de son sac à main, se tourne vers Michael, yeux brillants alors qu’une mine désolée s’installe sur son visage. « Désolée, ça doit être terriblement compliqué et douloureux pour vous, et je suis là à me plaindre et à m’apitoyer sur mon sort alors que vous le connaissez depuis toujours… Je suis désolée pour cette perte que vous devez endurer, Michael. » Et si ça paraissait ridicule, ces condoléances présentées à un ange, c’était important pour la brune qui estimait qu’être divin ne protégeait par des émotions les plus humaines.

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