Spring in July (daisy)

Spring in July

w/@Daisy Atkins // And for the first time in centuries I can forget the shield , sheath the sword and abandon myself to the beauty of the blooming flower (juillet, 2120)

La ville se pare d’or en cette après-midi de juillet. L’asphalte des rues brille sous les rayons perçants du soleil. Le ciel a recouvert sa belle robe d’azur et les quelques boules de cotons qui tentent de menacer les promenades paresseuses des passants sont repoussés lentement par la brise qui caresse de sa douce main les épaules dénudés, les cous découverts et les feuilles aux couleurs vibrantes. La ville est tranquille, il y a peu de circulation sur les trottoirs ou sur la chaussée. Les habitants se prélassent sur les terrasses, détendus, et accueillent avec sérénité la soirée qui ne saurait tarder. Ça lui rappelle l’Espagne un soir d’été lorsque la foule est partie, que la tension s’écroule et qu’enfin les locaux rient franchement, murmurent des airs perdus et la fumée de leurs cigarettes se mêle aux effluves d’une cuisine tardive. Il ne manque plus que la poussière des cités rurales et l’écarlate des cieux pour compléter le tableau. Il est heureux comme il l’a rarement été dernièrement. Et Ô si serein en sa compagnie. Comme transporté dans un rêve, il savoure chaque paysage qu’il passe, chaque parole qu’il échange avec la demoiselle à ses côtés.

De temps en temps, il jette des coups d’œil à celle qui lui permet de se libérer pour la première fois depuis des semaines. Loin ses peines divines, ses peurs viscérales, sa survie exténuante. Pour quelques heures il n’est qu’un garçon ordinaire qui peut avoir une vie ordinaire, une amitié ordinaire. Il la remercie intérieurement pour ce qu’elle lui apporte. Il se souvient lorsque, il y a peu, il gardait à son égard plus de méfiance qu’il n’aimerait l’avouer. Il l’avait rencontrée à l’orphelinat à l’une de ses séances d’absentéisme. Puis, à force de rencontres fortuites, il avait interrogé l’ange qui l’hébergeait à son sujet, inquiet de faire face à une ruse perfide de leur ennemi commun. Finalement, le calme de son hôte avait eu raison de vigilance et il s’était gaiement plongé dans cette amitié naissante.

Le visage de Máni se fend d’un rire.

Les deux étaient partis explorer la ville avant qu’elle ne s’habille de son châle d’obscurité. Il n’y avait pas vraiment de destination à leur petit périple citadin. Parfois le jeune dieu s’arrêtait devant une vitrine et sa comparse l’imitait, n’arrêtant pas son débit de parole. Il trouvait ça drôle. Alors que d’habitude il était celui qui ne laissait personne en placer une, il se retrouvait fasciné par la facilité avec laquelle la demoiselle réussissait à construire une conversation alambiquée à elle seule. Lorsqu’il sentait son regard posé sur son visage, il lui adressait un grand sourire et la relançait d’un petit commentaire. Il ne sait plus où ils en sont à présent. En avaient-ils fini avec les paresseux et leurs milles et une particularités ou était-ce encore une anecdote sur un de ses clients et ses drôles de manies ?

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