◦◦ lonely for you only (w/james)

---- lonely for you only ----

w/@james thorne // give in to the lonely, here it comes with no warning. capsize, i'm first in the water, too close to the bottom. (septembre, 2120)

Regard fixé sur l'écran géant de la télévision. Le halo bleu et clair qui se reflète sur les murs de l'immense chambre. La Castillo étendue sur son grand lit, ennuyée. Elle ne regarde pas vraiment le programme télévisuel. Elle n'arrive tout simplement pas à dormir. Comme à l'habitude. Un bref regard vers l’horloge sur sa table de chevet lui indique qu'il est déjà 2:00 du matin. D'ordinaire, elle traîne dans les soirées mondaines et accompagne son beau-père à l'occasion. Ou bien elle reste au quartier général pour s'entraîner jusqu'aux petites heures du matin. D'autres fois, c'est la chaleur humaine qui la tient réveillée toute la nuit. Mais ce soir, rien de tout cela. Juste elle et le bruit lointain de la télévision qui fait passer les nouvelles de la journée précédente. Toutes concernant le Sénat en reconstruction... ou presque. Rien de bien fascinant. On pourrait croire que l'ennui pourrait l'aider à dormir mais non, ses pensées repassent les mêmes questions. Coincée là avec pour seule compagnie ses démons, elle est en train de devenir folle. La belle se tire hors du lit et enfile un veston de jeans puis observe la vue sombre mais étincelante de la ville par sa fenêtre. Elle se demande s'il est réveillé lui aussi. Des souvenirs qui refont surface d'une époque tellement plus simple. Elle descend donc au garage, enfourche sa moto sport et une fois le casque sur la tête, elle fonce à travers les rues de la ville. Les éclats de néons qui défilent sur sa visière. Heureusement, le chemin n'est pas trop long, tous les deux vivants dans le quartier des riches et puissants. Stoppant le véhicule devant la demeure du Thorne, bientôt, elle se retrouve à cogner à sa porte avec le casque sous le bras. Il le devine réveillé quand des pas se font entendre de l'autre côté et que finalement, son visage apparaît dans l'embrasure. « Il n'y a bien que toi et moi pour être encore debout au milieu de la nuit. Autant avoir un peu de compagnie, non ? » Nul besoin d'être un génie pour deviner qu'il a pris un coup. Peut-être qu'il est sorti ou bien il a fait comme elle et est resté à la maison à broyer du noir. Sur ce point, ils ne peuvent être plus identiques. Pour des raisons différentes, certes. Curieuse de savoir quels tracas peuvent se cacher derrière le regard clair du grand brun, les siens - elle veut les oublier. Cette paranoïa nouvelle à ne pas se sentir réellement bienvenue chez les Illuminatis après tout ce qu'elle a sacrifié pour eux. Notamment sa relation avec James. Ce qu'ils auraient pu être, elle ne le saura jamais. Tout avenir ensemble, elle l'a laissé quand elle est parti espionner la cité divine pour faire ses preuves. Assoiffée de vengeance et d'une place dans le groupe fermé qui lui promet d'atteindre son but. Aujourd'hui, elle ne sait plus en qui faire confiance et c'est bien ce qui la garde réveillée la nuit. Cette nuit, notamment. Au moins avec James, elle espère se changer les idées... ou même y voir plus clair. Si elle peut aussi lui sortir la tête de l'eau en retour, ce ne serait que gagnant-gagnant. En observant sa mine, elle peut deviner facilement ses états d'âme. En public, ils savent jouer la comédie mais ensembles, les masques peuvent tomber. Ensembles, ils peuvent être eux-mêmes. Pas de faux semblants... oh si elle savait...

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lonely only for you

w/@Judith Castillo // You got that medicine I need, dope, shoot it up straight to the heart please. I don't really wanna know what's good for me, God's dead, I said 'baby that's alright with me' (septembre, 2120)

Un verre. Deux verres. Trois verres. Quatre verres… Quatre verres. À moins que ce ne soit cinq ? Au fond, ça n’a pas la moindre importance. La bouteille est vide. Il n’y a plus une goutte de whisky ; le liquide ambré a disparu, avalé parfois cul-sec, pas une seule fois savouré. James n’est pas très fier de lui. Ce n’est pas la première fois qu’il perd ainsi le contrôle de la situation, mais ça ne l’empêche pas de se sentir particulièrement pathétique. Le sénateur a perdu de sa superbe ; enfermé chez lui il n’est plus que l’ombre de lui-même, à des années-lumière de l’image qu’il donne de lui au Sénat ou au tribunal. Une chance pour lui, le commun des mortels n’assiste pas au spectacle pitoyable de sa descente aux enfers. Il suffirait pourtant d’un rien pour que son masque ne se fissure et laisse apparaître l’homme qu’il est réellement ; une brute pleine de désespoir et de désillusions. Comment a-t-il pu en arriver là ? La question tourne en boucle dans son esprit. Comment, comment, comment ? Quelques mois plus tôt à peine, James avait une existence idyllique, il avait tout ce qu’il voulait, absolument tout. Une femme merveilleuse, des enfants parfaits, une carrière prometteuse… Et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tout est parti en fumée. À commencer par son mariage et sa vie de famille. Autrefois pleine de vie, son appartement n’est qu’un désert sans âme qu’il n’entretient que par obligation, et en faisant le strict minimum. C’est au beau milieu de la nuit que James est le plus vite rattrapé par ses démons. Des idées noires tournent en boucle dans son esprit, et ses actions reviennent le hanter. Et inévitablement, ses pensées finissent par glisser vers Scarlett… Songer à elle, à eux, lui donne envie de déboucher une seconde bouteille. Il sait pourtant que ce ne serait pas raisonnable. Un verre de plus et il risque sans doute le coma éthylique… S’il ne craignait pas de détruire sa réputation, et ainsi de ruiner celle de ses proches, cela n’aurait pas eu la moindre importance. Mais il ne peut pas. Il ne peut pas les faire souffrir plus qu’il ne l’a déjà fait, il ne peut pas leur faire honte, il ne peut pas… Et pourtant il le fait, il continue à le faire jour après jour, en même temps qu’il fonce droit dans le mur à la vitesse du son.

Quand quelqu’un frappe à sa porte, son premier réflexe est de jeter un rapide coup d’œil à l’heure qu’il est. Deux heures du matin. Qui, à part les dérangés et les torturés, peut bien être debout au beau milieu de la nuit et à sa porte ? Avant, James se serait inquiété. Il se serait probablement armé, même, au cas où le visiteur nocturne serait mal intentionné. À présent, il lui semble que ça n’a pas la moindre importance. Il se lève et prend immédiatement appui sur la table du salon – sans surprise, il a la tête qui tourne, l’alcool a fait son effet. Peu importe. D’un pas mal assuré, il se traîne jusqu’à la porte d’entrée qu’il ouvre en grand bien malgré lui, presque emporté par son poids. Il fronce les sourcils en découvrant Judith. Elle est la dernière personne qu’il s’attendait à voir débarquer chez lui, et il ne sait pas quoi penser de sa présence. Il n’a pas les idées claires, il déteste ça, et cela se traduit dans son attitude par un accueil froid, presque glacial. « Qu’est-ce que tu fiches ici, Judith ? » Quand se sont-ils vus pour la dernière fois ? James n’en a pas la moindre foutue idée. Est-ce que la date a une quelconque importance ? Probablement pas, mais il déteste perdre le compte des choses. Il s’en souviendrait peut-être si son esprit n’était pas à ce point embrumé par le whisky, mais hélas, il est loin d’être au meilleur de ses capacités. « Je ne sais pas ce que tu cherches, Judith. Mais tu ne le trouveras chez moi. » Et pourtant il s’écarte pour la laisser entrer. Il claque la porte derrière elle et grimace quand il réalise qu’il empeste très probablement l’alcool. Un alcool hors de prix, certes, mais à l’odeur cela ne fait aucune différence. « Je n’ai pas besoin de compagnie. Ni de la tienne, ni de celle de personne d’autre. » Menteur, pense-t-il en même temps qu’il prononce ces mots. Judith ne sera certainement pas dupe, mais au moins, elle est prévenue : James est d’humeur massacrante, peu enclin à recevoir qui que ce soit. Malheureusement pour elle, leur amitié ne pèse pas lourd dans la balance à ce moment précis. En d’autres circonstances, il aurait été agréablement surpris, il l’aurait accueillie avec le sourire, il aurait cherché à l’aider… Mais Judith n’est pas la femme qu’il voulait découvrir sur le pas de sa porte.

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