come back to me (LOKI)

come back to me

w/@Lorcán Jorensen // being deeply loved by someone gives you strength, while loving someone deeply gives you courage. (septembre 2120)

Le soleil brillait haut dans le ciel de Sanctum. La fin de l’été approchant à grands pas, les températures s’étaient adoucies, bien qu’elles demeuraient clémentes en raison du climat méditerranéen. Pour l’Asgardienne, qui supportait difficilement la chaleur de l’île, l’arrivée de l’automne était une bénédiction. Cette année plus que les autres, alors que son ventre continuait à s’arrondir un peu plus à mesure que les journées passaient. Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis la dernière fois où Sigyn avait vu son époux. De bien longues années après la mort de leurs jumeaux, la douce déesse avait vu la vie fleurir doucement en son sein. Et en premier lieu, la panique s’était emparée d’elle. La perte, si violente, de Vali et Narvi avait laissé un trou béant dans sa poitrine, la blessure était trop importante pour pouvoir guérir un jour. L’éternité ne suffirait pas à l’apaiser, et jamais son deuil ne se terminerait. Alors, quand elle avait réalisé porter une nouvelle fois l’enfant de Loki, c’était la peur qui avait pris le dessus. La peur de ne pas savoir protéger ce nouvel être, la peur qu’on le lui arrache comme les autres, la peur que le destin s’acharne une fois de plus… Puis, petit à petit, la crainte avait été remplacée par une étrange sérénité. Le temps aidant, Sigyn avait fini par faire la paix avec sa nouvelle maternité. Et bien vite, elle avait réalisé qu’elle aimait déjà inconditionnellement le tout petit être qui grandissait en elle. Ses inquiétudes, elle était parvenue à les rationaliser. Elle n’était pas seule. Elle avait la certitude de pouvoir compter sur ses amis les plus proches – en premiers, Heimdall et Sága. Et puis, leur bourreau était mort, Odin était mort. Enterré, retourné à l’état de poussière, avalé par le néant originel. Quoi qu’il puisse arriver, ce n’était pas lui qui viendrait s’en prendre à son enfant à naître. En soi, c’était une belle victoire. Malgré sa malice et sa cruauté, le vieux roi n’avait pas gagné. Loki et elle étaient encore en vie, libérés de leurs chaînes et loin de la grotte putride où ils avaient passé des années.

Dans les jardins de Sanctum, Sigyn était libre d’aller et venir comme elle le désirait, sans craindre les regards lourds de certaines divinités ; qu’elles soient Asgardiennes ou non. Voilà bien longtemps que Sigyn s’était accoutumée à la solitude, au point qu’elle soit devenue pour elle presque une vieille amie. Pas toujours accueillie avec le sourire, mais bien moins redoutée que par le passé. Elle se sentait plus à l’aise au milieu des fleurs et autres végétaux qu’en compagnie des autres dieux, avec de rares exceptions. Sanctum n’était pas Asgard, ni Vanaheim, mais elle avait fini par s’habituer à sa vie sur la petite île. Elle n’avait guère eu le choix, de toute façon. Lorsque la plupart des Asgardiens avaient décidé d’élire domicile aux côtés des autres panthéons, elle avait bien été forcée de les suivre. Le jardin céleste avait au moins l’avantage de lui rappeler ceux d’Asgard, sans doute grâce aux plantes qui avaient été rapportées de leur royaume et incorporées à l’île grâce aux talents d’Éostre et Jörd. Lorsque sa solitude est troublée, Sigyn le remarque presque aussitôt, toujours alerte, méfiante malgré elle où que ses pas puissent la guider. Elle se retourne et sa réserve disparaît, remplacée par un sourire qui vient illuminer son visage. « Loki. Tu sais toujours où me trouver. » Sigyn reste où elle est, devant un parterre de fleurs pâles, les mains jointes devant son ventre en soulignant son arrondi. « J’espère que tu as l’intention de rester plus longtemps, cette fois… Il faut que nous parlions. Pour une raison plutôt… évidente, il me semble. »

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come back to me

w/@Sigrid Olsen // Lighters and candy, I've been a fool but strawberries and cigarettes always taste like you. (septembre 2120)

Il n'avait jamais été à son aise, à Sanctum. Il ressentait la présence des autres divinité et les regards méprisants se poser sur lui. Qu'il était difficile d'être un dieu du chaos: qu'il se comporte bien ou non, il se voyait être constamment la cible de la méfiance ou de la colère ... Jamais ces hypocrites ne reconnaitraient leur part de responsabilité dans ce qu'il était devenu. Mais que pensaient-ils tous, du haut de leur si noble fierté ? Tout n'était qu'une suite de mauvaise décision, certes, mais aussi la conséquence du rejet des asgardiens, depuis le début. Que pouvait-on devenir d'autre qu'un dieu de la malice et du chaos lorsqu'on était sans cesse brimé pour ces origines ? Et pourtant, il était là, au milieu de ces jardins, au milieu des plantes embaumant la délicatesse et la fragilité: tout ce qu'il n'était pas, songea-t-il quelque peu amer. Depuis combien de temps n'était-il pas revenu ? Il perdait la notion du temps lorsqu'il quittait Sanctum ... Et il en était une qui, elle, ne manquait pas de subir ses absences. Il éprouvait une pointe de culpabilité quand il pensait à Elle, à ce qu'il lui avait fait subir depuis que sa route avait croisé celle de la jeune femme. Il ne comprenait pas pourquoi elle restait là: cela lui avait valu le titre de déesse de la fidélité, certes, mais tout de même. Le mensonge, l'adultère, jusqu'à la mort de leurs garçons ... Elle n'avait jamais rien dit. Jamais de manière réellement sérieuse en tout cas: ils avaient eut leurs disputes, leurs reproches -le concernant la plupart du temps-, mais elle était toujours restée. Sa fière et douce Sigyn.

C'était pour elle qu'il revenait. Il s'en serait bien passé sinon. Quel intérêt de s'infliger la présence de Freyja, Thor et du reste s'il n'y trouvait aucun avantage ? Il ne mit pas longtemps à la trouver: de par leur mariage, elle n'était guère mêlée aux autres dieux, sans doute lui reprochaient-ils d'être sa femme, d'être responsable de lui ou il ne savait quelles autres bêtises qu'ils se répétaient pour justifier leurs actes. Il prenait note, lorsqu'il était présent, de chaque regard, de chaque paroles qui étaient dite à son encontre: lorsque viendrait l'heure, il leur ferait payer au centuple. On ne touchait pas à sa reine.

Il ne le reconnaitrait jamais. Jamais combien ce petit bout de femme parvenait à égayer son existence: ce serait reconnaitre une faiblesse et il ne pouvait se le permettre. Pourtant, lorsque son air mélancolique laissa place à un sourire radieux, il eut l'impression d'oublier qu'il était la divinité maligne de leur panthéon. « Sig' ... » dit-il d'une voix si basse que s'en était presque un murmure, avant de glisser une main contre les mèches blond argent de ses cheveux. Ce n'est qu'à ce moment qu'il remarqua la rondeur du ventre de son épouse. Il demeura un instant figé, surpris, son regard allant et venant des yeux clairs de la déesse à son ventre rebondi, preuve que leur dernière étreinte n'avait rien eut de chaste. « En effet. » fut tout ce qu'il trouva à dire tandis que sa main s'approcha légèrement, hésitante, près de cette vie qu'elle portait en elle. Après tout ce temps était-il possible ? L'état de Sigyn ne laissait aucun doute, mais Loki le savait: l'un comme l'autre vivait encore avec le fantôme de leurs deux garçons, profondément ancré en eux. Vali et Narvi avaient été les seuls enfants qu'ils avaient pu avoir ensemble. Leur perte avait été terrible, exacerbant sa colère, son désir de vengeance. Seraient-ils capable d'accueillir cette nouvelle vie ? De la protéger comme ils n'avaient pas su le faire avec leurs deux fils ? Comme Il n'avait pas pu le faire, trop occupé à défier Odin pour envisager qu'il prendrait ses garçons comme cible de sa colère ... Un bras se glissa contre la taille de la déesse tandis qu'il l'entourait pour la protéger d'un danger invisible. « Je resterai ... » lui dit-il, l'oeillade dure sur l'horizon comme pour défier quiconque de se mettre entre eux tout en omettant encore de donner de date précise. Il ne servait à rien de mentir avec elle, elle le connaissait trop bien, depuis trop longtemps. « Combien de temps ? » demanda-t-il alors, révélant sa perte de la notion du temps, n'osant toujours pas toucher le précieux renflement de son abdomen.

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